Chansons d'ADAGE

Les suites d'un premier lit

 

Le jour où j'épousai ma femme,
Elle avait de son premier lit
Une fille à l'œil plein de flamme
De laquell' mon père s'éprit.
Mon père était veuf, mais très tendre ;
Avec ma fille il se maria,
C'qui fait qu'mon pèr' devint mon gendre
Et que j'fus l'beau père de papa.

Je n'sais pas si je m'fais comprendre,
C'est très simple, mais cependant
J'vous préviens qu'vous pouvez m'reprendre
Si ça vous semble embarrassant :
 
Ma bell' fill' devint donc ma mère.
(Ma belle-mère ça s'entend,)
Or, moi-mêm' je d'vins bientôt père,
C'est ici qu'ça s'cors' légèr'ment.
De ma fille mon fils fut l'frère.
Mais là ne s'arrête pas tout,
Car étant l'beau frère de mon père
Il devint mon oncl' du mêm' coup.

REF
 
La jeune femme de mon père,
(mon ancienn' fill', par conséquent,)
Plus tard devint à son tour mère
D'un gros garçon très-bien portant.
Ce garçon fut, la chose est claire,
Mon petit-fils, mais avec ça
Il devint égal'ment mon frère
Puisqu'il était l'fils de papa !...

REF
 
Suivant la ligne de famille
Et les usages établis,
Il est clair que l'fils de ma fille
De ma femm' devint le p'tit fils.
Or, comm' il s'trouvait êtr' mon frère,
Alors il arriva ma foi,
Que ma femm' devint ma grand-mère
Quoique ayant quatorze ans d'moins que moi !

REF
Donc, par ce bizarre amalgame,
Un jour il se trouva qu'ainsi
Je fus l'petit-fils de ma femme
Dont j'étais également l'mari.
Voilà comment, chos' singulière
Par les suites d'un premier lit
Je devins mon propre grand-père,
Et je l'suis encore aujourd'hui

J'ignore si je m'suis fait comprendre,
Mais si c'récit semble peu probant,
Je suis tout prêt à le reprendre
En r'commençant par le c'mmenc'mment !
 
 
 
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